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Castaneda
 


La journaliste Véronique Skawinska a rencontré Carlos Castaneda à la demande de Dominique Aubier par "nécessité initiatique", on peut trouvé ici quelques morceaux choisis de son livre Rendez-vous sorcier avec Carlos Castaneda.

Pour les amateurs éclairés du grand homme voici un test qui permet de mesurer ses connaissances en la matière.

J'ai réuni quelques liens sur des sources d'inspiration possible pour Castaneda.

Pour ceux que cela intéressent il est possible de télécharger les ouvrages de Castaneda, format rtf zippé.

 

Le talent de Castaneda réside dans cette manipulation habile qui consiste à se mettre en scène dans des postures désavantageuses en but aux moqueries et aux reproches de Don Juan, un personnage de maître qui prend une telle densité qu'il devient vite inoubliable. Mais sur la fin de ses jours notre antihéros a fait quelques erreurs visibles (les inconditionnels prétendront que c'était volontaire), des invraisemblances, des exagérations dans ses inventions (les ombres noires) et surtout à travers des rencontres et des stages il a démystifié son image et celle de son groupe auprès de ses admirateurs. Tout cela est raconté dans les pages françaises du site Sustained Action, et dans le forum en français des guerriers (!!!) et des sorciers (!!!) interviennent, enfin certains se prétendent tels.

 

 

Castaneda en téléchargement

Excepté "Le voyage définitif" tous les ouvrages de Castaneda sont disponibles au format Word rtf zippé (en moyenne 200 ko par fichier) scannés par une personne courageuse dont j'ignore l'identité :

L'herbe du diable Couverture  

Voir   Couverture
Le voyage à Ixtlan Couverture 
Histoire de pouvoir Couverture
Le second anneau Couverture
Le don de l'aigle Couverture
Le feu du dedans Couverture
La force du silence Couverture
L'art de rêver Couverture
La roue du temps Couverture
Passes magiques Couverture

 

 

 

Sources d'inspiration possible ou coïncidences troublantes
 

Les techniques et les concepts décrits par Castaneda ne sont pas inédits, ce qui n'a rien d'anormal, sauf que le doute, et même plus quant à la véracité de son apprentissage, conduit à s'interroger sur leur provenance véritable.

Ce qui suit est une liste d'exemples qui auraient pu éventuellement servir de modèles (ou qui s'en rapprochent dans la démarche) à l'élaboration du contexte castanedien.

 

La bicaméralité

(L'archéologie interdite de Colin Wilson)

Jaynes et le cerveau bicaméral  

Tous les shamans, de l'Islande au Japon, se présentent comme des intermédiaires entre ce monde et celui des esprits. Partout, des shamans assurent qu'en se soumettant aux rituels et aux épreuves qui ont fait d'eux ce qu'ils sont, ils ont eu accès au monde des esprits et ont parlé avec les morts. Ils croient que leur pouvoir leur vient des esprits et des morts.

L'important ici est que le prêtre shaman a le sentiment de détenir une compréhension particulière du ciel et de la terre - même un cosmologiste moderne n'aurait pas cette prétention. Les anciens shamans se sentaient détenteurs d'un savoir divin et le reste de leur tribu partageait certainement cette opinion. Voilà qui nous donne à penser qu'il y a quarante mille, voire peut être cent mille ans, l'homme avait développé un état d'esprit singulièrement " moderne ".

Nous savons qu'un tel état d'esprit existait dans l'ancienne Égypte et à Sumer - en fait, les premières civilisations dont nous avons connaissance étaient toutes des théocraties. Si Hapgood a raison de penser qu'il existait en 7000 avant J.-C. une civilisation maritime mondiale, elle devait certainement avoir la même conception de l'univers. Nous avons vu que les Égyptiens considéraient leur royaume comme le reflet exact du royaume des cieux. Et si Schwaller de Lubicz et Robert Bauval ne se trompent pas quand ils affirment que le Sphinx a été construit par les survivants d'une autre civilisation vers 10500 avant J.-C., cette civilisation cultivait sans nul doute la même vision de la relation intime entre le ciel et la terre, entre les dieux et les hommes. Ce devait être aussi le cas des anciens Incas qui ont construit Tiahuanaco vers la même période, si le professeur Arthur Posnansky a raison.

Quand cette conception théocratique répandue dans le monde entier a-t-elle pris fin ? Elle avait certainement disparu à l'époque de Socrate et de Platon. Dans un livre intitulé La Naissance de la conscience et l'effondrement de l'esprit, un psychologue de Princeton, Julian Jaynes, situe pour sa part le point de rupture à une date récente : 1250 avant J.-C.

Jaynes se fonde sur la science relativement nouvelle de la psychologie du cerveau divisé - qu'il y a lieu d'exposer brièvement ici, puisqu'elle revêt une grande importance pour le présent ouvrage.


Le cerveau est composé de deux parties, qui sont pour ainsi dire le reflet l'une de l'autre. Mais les fonctions de ces deux hémisphères ne sont absolument pas les mêmes. C'est particulièrement vrai pour la " couche supérieure " du cerveau humain, le cortex cérébral, qui s'est développé essentiellement depuis un demi million d'années.

Dès le XIXème siècle, on avait découvert que les deux moitiés du cerveau ont des fonctions différentes. La parole dépend de l'hémisphère gauche, et les médecins ont constaté que les personnes souffrant de lésions du cerveau gauche deviennent aphasiques. Le côté droit du cerveau est clairement le siège de la reconnaissance des formes : un peintre dont le cerveau droit serait endommagé perdrait tout talent artistique. Il ne pourrait même plus dessiner un trèfle ; il mettrait les trois feuilles du trèfle côte à côte à la même hauteur.

Toutefois, un artiste au cerveau gauche endommagé devient seulement aphasique : il ne perd rien de sa maîtrise graphique. Tandis qu'un orateur au cerveau droit endommagé ne serait pas moins éloquent même s'il n'est plus capable de dessiner un trèfle.

Le cerveau gauche intervient aussi dans la logique et la raison qu'il s'agisse, par exemple, de dresser une liste ou de faire des mots croisés. Le droit est associé à des activités comme le sens musical ou la reconnaissance des visages. On pourrait dire en résumé que l'hémisphère gauche est un scientifique et le droit un artiste.

L'une des curiosités de la physiologie humaine est que le côté gauche du corps est contrôlé par le côté droit du cerveau et vice versa. Nul ne sait exactement pourquoi il en est ainsi, si ce n'est que cette particularité contribue probablement à une plus grande intégration. Si l'hémisphère gauche contrôlait le côté gauche et l'hémisphère droit le côté droit, il pourrait y avoir des " incidents de frontière " ; ainsi, chaque hémisphère a un pied sur le territoire de l'autre.

Si vous ôtiez votre calotte crânienne, la partie supérieure de votre cerveau -les hémisphères cérébraux - aurait un peu l'apparence d'une noix avec une sorte de pont reliant les deux cerneaux. Ce pont est un faisceau de nerfs appelé corps calleux ou commissure. Mais les médecins se sont rendu compte que certains individus qui ne possédaient pas de commissure paraissaient se porter parfaitement bien. Ils ont ainsi été amenés à se demander s'ils ne pourraient pas prévenir les attaques d'épilepsie en sectionnant le corps calleux. Ils ont fait l'expérience sur des patients épileptiques et cela semblait marcher : les crises s'en trouvaient fortement réduites et le patient ne paraissait pas avoir subi de dommage. Cette constatation incita les savants à s'interroger sur le rôle du corps calleux. L'un d'eux émit l'hypothèse qu'il servait précisément de véhicule aux crises d'épilepsie ; un autre assura qu'il était là pour empêcher le cerveau de s'affaisser en son milieu.

Dans les années 50, des expériences menées en Amérique jetèrent un nouvel éclairage sur le problème. Quelqu'un nota qu'un patient au "cerveau divisé " ne paraissait rien remarquer s'il se cognait contre une table du côté gauche. Il apparut peu à peu qu'une opération de sectionnement du corps calleux avait pour effet d'empêcher une moitié du cerveau de découvrir ce que l'autre moitié savait. Si l'on enseignait un tour à un chat au cerveau divisé en lui masquant un œil et si on lui demandait de le refaire avec un bandeau sur l'autre oeil, il s'en montrait incapable. Il devint clair que nous avions littéralement deux cerveaux.

En outre, si l'on montrait à un patient au corps calleux sectionné une pomme devant l'œil gauche et une orange devant le droit et si on lui demandait ensuite ce qu'il avait vu, il répondait: "Une orange. " Mais si on lui demandait de noter sa réponse par écrit de la main gauche, il écrivait "une pomme ".Une patiente à qui l'on présentait une image obscène de telle façon qu'elle ne soit accessible qu'à son cerveau droit rougissait et, quand on lui demandait la raison de cette rougeur, elle répondait sincèrement: " Je ne sais pas. " La personne qui rougissait était celle qui vivait dans la moitié droite de son cerveau. Elle vivait dans la partie gauche.

Il en est ainsi pour chacun de nous, encore que chez les gauchers les zones cérébrales soient agencées différemment et que donc la situation soit inversée. L'être que l'on appelle soi même vit dans le côté gauche du cerveau (pour un droitier) -l'hémisphère qui " s'occupe " du monde réel. Celui qui vit dans l'hémisphère droit est un étranger.

On pourrait objecter que ni vous ni moi ne sommes des patients dont on a sectionné le corps calleux. Cela ne fait aucune différence. Mozart a un jour remarqué que les mélodies lui venaient toujours à l'esprit déjà composées et qu'il n'avait plus qu'à les coucher sur papier. D'où venaient elles? Du côté droit de son cerveau, évidemment, de " l'artiste ". Et où allaient elles ? Dans la moitié gauche de son cerveau, là où vivait Mozart. Autrement dit, Mozart était un patient au cerveau divisé. Et si Mozart l'était, alors nous le sommes tous. Celui que nous appelons "moi" est le scientifique. L'artiste vit dans l'ombre, et nous n'avons que rarement conscience de son existence, hormis dans nos moments de profonde relaxation ou d'" inspiration ".

L'intérêt de Jaynes pour cette question est né d'une hallucination auditive. Il était allongé sur un canapé et ressassait un problème jusqu'à l'épuisement mental lorsqu'il entendit tout à coup une voix au dessus de sa tête qui disait : " Intègre le connaissant dans le connu. " Quelque peu inquiet pour sa santé mentale, Jaynes se mit à étudier les cas d'hallucination et découvrit à son grand soulagement que dix pour cent de la population environ étaient concernés.

Jaynes remarqua aussi que, bien souvent, dans la littérature antique -L'épopée de Gilgamesh, la Bible, l'Iliade - les héros entendaient des voix : les voix des dieux. Ces héros des premiers temps étaient par ailleurs totalement dépourvus de ce que nous appellerions un " moi profond ". " Nous ne pouvons aborder ces héros en imaginant un espace mental derrière leur regard fier comme nous le faisons pour tout un chacun. L'homme de l'Iliade n'avait pas notre subjectivité ; il n'avait aucune conscience de sa conscience du monde, aucun espace mental sur lequel nous puissions spéculer. "

La théorie de Jaynes est que la " subjectivité " - la faculté que vous avez de regarder au fond de vous même en vous disant :
" Qu'est ce que je pense de tout ça ? " - n'existe que depuis 1250 avant J.-C. environ. Selon lui, l'esprit des premiers hommes était " bicaméral " : divisé en deux compartiments. Et quand un homme primitif ne savait pas quoi faire, il entendait une voix qui lui parlait, comme Jaynes en avait fait l'expérience couché sur son canapé. L'homme pensait que c'était la voix d'un dieu (ou de son seigneur, qu'il prenait pour un dieu). En fait, elle venait de son cerveau droit.

D'après Jaynes, la conscience de soi a commencé à se développer progressivement vers 3000 avant J.-C. à cause de l'invention de l'écriture, qui créait une nouvelle forme de complexité. Et au cours des grandes guerres qui ont secoué le Moyen Orient et la Méditerranée au deuxième millénaire avant J.-C., l'ancienne mentalité enfantine n'avait plus sa place et les êtres humains ont été contraints d'acquérir une dureté, une efficacité nouvelle pour survivre. " Sous le joug de quelque envahisseur, voyant sa femme violée, l'homme qui obéissait à ses voix intérieures serait bien sûr intervenu et aurait donc probablement été tué. " Celui qui voulait survivre devait être capable de réfléchir et de dissimuler ses sentiments.

Si l'on en croit Jaynes, c'est en Mésopotamie qu'est apparu le premier signe de ce " changement de mentalité ". Vers 1230 avant J.-C., le tyran assyrien Tukulti-Ninurta fit construire un autel de pierre qui représente le roi agenouillé devant le trône vide de la divinité. Sur des bas reliefs plus anciens, on aurait vu le roi en train de parler avec le dieu. Désormais, il est seul... prisonnier de son cerveau gauche. Le dieu a disparu.

Dans un texte cunéiforme datant de cette époque il est écrit

Celui qui n'a pas de dieu, quand il marche dans la rue La migraine l'enveloppe comme un vêtement.

Il est question de stress, de tension nerveuse, de perte de contact avec le cerveau droit, et son sentiment d'être " à l'aise dans le monde ". On a l'impression d'assister à la naissance de " l'homme aliéné ". Et selon Jaynes, c'est à ce moment que la cruauté a fait son entrée dans l'histoire et que l'on voit des gravures assyriennes d'hommes et de femmes empalés, et d'enfants décapités.

Il n'est pas nécessaire d'adhérer à l'ensemble de cette théorie pour en reconnaître l'importance. La principale objection que l'on pourrait y opposer est qu'il a été démontré que de nombreux animaux possédaient une conscience de soi. Un expérimentateur a ainsi anesthésié divers animaux pour peindre leurs faces en rouge et les placer ensuite devant un grand miroir. La plupart des sujets n'ont prêté aucune attention à leur reflet, mais les chimpanzés et les orangs-outans ont réagi différemment: ils inspectaient leur visage avec beaucoup d'intérêt, ce qui semblerait indiquer qu'ils possèdent une conscience de soi. Et si les chimpanzés et les orangs-outans ont une conscience de soi, on a peine à imaginer que des humains même les plus primitifs aient pu en être totalement dépourvus.

Par ailleurs, si l'on admet que l'homme moderne est en quelque sorte " séparé de lui même " il faudrait en conclure que c'est nous qui avons un esprit " bicaméral ", séparé en deux compartiments, tandis que les hommes primitifs avaient l'esprit " unicaméral ", comme sans doute la plupart des animaux.

Mais en dépit de ces objections, il est clair que Jaynes a raison quand il suppose que l'espèce humaine a connu un changement fondamental à un certain point de son histoire et qu'après ce stade, l'homme s'est retrouvé piégé dans une forme de conscience plus étroite. Cependant, nous avons compensé cette perte en apprenant à nous servir de la raison dans une mesure beaucoup plus grande, et notre civilisation technologique en est le produit fini.

Ces considérations nous ramènent au principal argument de ce livre.

Schwaller de Lubicz était absolument convaincu qu'il y a une différence essentielle entre la mentalité égyptienne et celle de l'homme moderne : il y revient à maintes reprises de livre en livre.

L'un des aspects les plus importants de cette différence transparaît dans l'écriture hiéroglyphique. Les mots, disait Schwaller, fixent leur sens. Si vous lisez le mot "chien", il évoque une vague notion abstraite de "chiénitude". Mais si vous regardez l'image d'un chien - même un simple dessin - il est beaucoup plus vivant.

Chacun de nous, dans son enfance, a dû essayer ces lunettes rouge et verte qui rendent les images tridimensionnelles. Vous regardez la photographie dans des conditions normales et elle vous paraît floue avec des taches rouges et vertes superposées. Puis, vous prenez une paire de lunettes en carton avec une feuille de cellophane verte pour un oeil et rouge pour l'autre, et tout à coup la photographie cesse d'être floue : elle prend du relief. Selon Schwaller, nos mots sont comme une photo floue. Le hiéroglyphe est une image qui prend vie. " Chaque hiéroglyphe, dit il, peut avoir un sens conventionnel bien arrêté pour l'usage commun, mais il inclut (1) toutes les idées qui peuvent y être rattachées et (2) la possibilité d'une interprétation personnelle. "

Dans un chapitre intitulé " Mysticisme expérimental " de son livre Un nouveau modèle de l'univers, le disciple de Gurdjieff Ouspensky explique comment il recourait à une méthode non précisée (probablement l'inhalation de protoxide d'azote) pour accéder à une conscience mystique. L'une des particularités de cet état d'esprit était que le moindre mot, la moindre chose lui rappelait des dizaines de mots et de choses. Un simple regard sur un cendrier déclenchait un déluge de sens et d'associations d'idées - à propos du cuivre, des mines de cuivre, du tabac, de la fumée, etc. - qu'il notait sur un bout de papier: " On pourrait devenir fou avec un cendrier. "

De même, Schwaller assure : " Donc les hiéroglyphes ne sont pas des métaphores. Ils expriment directement ce qu'ils veulent dire, mais leur sens demeure aussi profond, aussi complexe que pourrait l'être l'enseignement d'un objet (un siège, une fleur, un vautour), si toutes les significations qui peuvent y être attachées devaient être prises en considération. Mais par paresse ou par habitude, nous éludons ce processus de pensée analogique et nous désignons l'objet par un mot qui n'exprime pour nous qu'un seul concept figé. "

Dans Le Temple dans l'homme, il donne un autre exemple. Si nous disons " un homme marche ", nous voyons marcher un homme, mais d'une manière vague et abstraite. En revanche, si nous regardons une image d'homme qui marche - même un hiéroglyphe - il devient en quelque sorte réel. Et si l'homme qui marche est peint en vert, il évoque aussi la végétation et la croissance. Et bien que la marche et la croissance semblent des notions totalement indépendantes, nous pouvons sentir le lien dans cette image de l'homme vert.

Ce pouvoir qu'a le hiéroglyphe d'évoquer une " réalité " à l'intérieur de nous, c'est ce que Schwaller entend par " la possibilité d'une interprétation personnelle ". Il fait pour ainsi dire résonner une cloche en nous.

Dans un chapitre du même ouvrage consacré à la mentalité égyptienne, on trouve une autre tentative d'explication. Notre façon moderne d'associer les idées et les pensées est qualifiée par Schwaller de " mécanique ", comme un levier assujetti à quelque engrenage. La mentalité égyptienne au contraire est " indirecte ". Un hiéroglyphe évoque une idée, mais il évoque aussi des dizaines d'autres idées connexes. Et l'auteur utilise une image toute simple pour essayer de s'expliquer. Si nous regardons fixement un point vert brillant, nous verrons en fermant les yeux la couleur complémentaire, rouge, sous nos paupières. L'Occidental dirait que le vert est la réalité et le rouge une sorte d'illusion dépendant de cette réalité. Mais un ancien Égyptien aurait considéré que le rouge est la réalité, parce qu'il correspond à une vision intérieure.

Il ne faut pas se méprendre. Schwaller ne dit pas que la réalité extérieure est une illusion. Il dit que les symboles et les hiéroglyphes peuvent évoquer en nous une réalité plus riche et plus complexe. La grande musique et la poésie produisent le même effet. Les vers de Keats

Les eaux mouvantes à leur tâche sacerdotale
De pure ablution sur les rivages humains de la terre

évoquent à leur manière un ensemble de sentiments riche et complet. C'est pour cette raison qu'Eliot disait que la vraie poésie peut communiquer avant même d'être comprise. La perception ordinaire nous montre seulement des choses isolées, privées de leur " résonance ". On pourrait faire un parallèle simple avec un livre, qui est un objet solide de forme rectangulaire : voilà sa " réalité extérieure ". Mais ce qui est à l'intérieur du livre peut nous entraîner dans un voyage magique. La réalité du livre est cachée, et pour une personne qui ne sait pas lire, il serait simplement un objet physique.

À la lumière de ce qui a été dit précédemment sur les hémisphères cérébraux gauche et droit, on conçoit immédiatement qu'un hiéroglyphe est une image et qu'il est donc appréhendé par le cerveau droit. Un mot est une succession de lettres qui sollicite le cerveau gauche.

Ce que dit Schwaller, n'est ce pas tout simplement que les Égyptiens étaient des " droitiers cérébraux " et que nous sommes des " gauchers cérébraux " ?

Sans doute, mais il dit bien davantage encore. Il affirme que les Égyptiens possédaient une forme d'intelligence différente, une intelligence égale et à de nombreux égards supérieure à celle de l'homme moderne. Il l'appelle " intelligence innée " ou " intelligence du cœur " . On croirait entendre la doctrine prêchée par D. H. Lawrence ou Henry Miller, et dans une certaine mesure c'est bien de cela qu'il s'agit. Mais les implications sont bien plus grandes que l'un et l'autre ne l'imaginaient. En dépit de leur " intelligence du cœur ", les deux écrivains se voyaient eux mêmes essentiellement comme des hommes modernes, et leur critique du XXème siècle prend souvent des échos négatifs et destructeurs. Ils ne semblent pas avoir conscience des possibilités offertes par une manière de voir différente.

L'une d'elles est pourtant évidente. Si l'on réfléchit à l'enseignement reçu par Manuel Cordova dans la forêt amazonienne, on s'aperçoit qu'il portait sur certains " pouvoirs " qui semblent presque mythiques - à commencer par la faculté de participer à l'" inconscient collectif " de la tribu. Songez que Cordova a pu voir une procession d'oiseaux et d'autres animaux qu'il distinguait de façon bien plus précise et détaillée que s'il s'était agi d'une perception ordinaire. Le chef lui avait appris à se servir activement de son hémisphère droit, qui lui assurait une plus grande richesse (en termes d'associations notamment) que la vision normale.

On aurait tort de penser que la télépathie est une faculté " paranormale ". Une série d'expériences menées dans les années soixante par le docteur Zaboj Harvalik, un physicien de l'Université du Missouri, a permis de mettre en évidence ces bases scientifiques. Au départ, Harvalik s'intéressait à l'art du sourcier - un don que semblent posséder tous les peuples primitifs. En constatant que la baguette de sourcier - une brindille fourchue dont on tient un bout dans chaque main - réagissait toujours à un courant électrique, il en est venu à se dire qu'il devait s'agir principalement d'un phénomène électrique. Il enfonça dans le sol deux tuyaux d'eau et les connecta à une puissante batterie. Dès que le courant était mis, la baguette réagissait dans ses mains. Il fit l'expérience avec plusieurs de ses amis et s'aperçut qu'ils pouvaient tous y arriver si le courant était assez puissant -disons 20 milliampères. Un sujet sur cinq était capable de détecter un courant de 2 milliampères seulement. Tous amélioraient régulièrement leur résultat avec la pratique.

Il nota aussi que les personnes qui semblaient incapables de " capter " quoi que ce soit devenaient soudain réceptives après avoir bu un verre de whisky. L'alcool les détendait manifestement et contrait les interférences du cerveau gauche Harvalik découvrit qu'une feuille d'aluminium placée autour de la tête du sujet bloquait toutes ses facultés, ce qui démontrait bien que le phénomène était fondamentalement électrique (ou magnétique).

Un certain de Boer, maître sourcier allemand, était capable de détecter des courants d'un millième de milliampère. Il était même sensible aux ondes radio et tournait lentement jusqu'à ce qu'il trouve la direction de la station émettrice. Harvalik contrôlait en orientant une radio portative dans le même sens. Qui plus est, de Boer pouvait sélectionner une fréquence donnée à l'exclusion des autres - un peu comme on se " branche " sur différentes conversations dans une soirée.

L'annonce de l'invention d'un magnétomètre assez sensible pour détecter les ondes cérébrales incita Harvalik à se demander si un sourcier pouvait aussi les capter. Pour le vérifier, il se plaça le dos tourné à un écran dans son jardin avec des bouchons dans les oreilles et il demanda à des amis de s'avancer vers lui de l'autre côté de l'écran. Sa baguette détectait leur présence quand ils arrivaient à trois mètres de lui. S'il leur disait de penser à des "choses excitantes" - au sexe par exemple - la distance passait à six mètres.

Il semblerait donc que l'art du sourcier est simplement la faculté de détecter des signaux électriques. Mais comment la baguette les reçoit elle ? Selon toute apparence, une certaine partie du corps (Harvalik était parvenu à la conclusion qu'il s'agissait des glandes surrénales) capte le signal et le transmet au cerveau, qui provoque une convulsion des muscles. Les muscles striés sollicités sont sous le contrôle du cerveau droit. L'art du sourcier - comme la télépathie - est une faculté du cerveau droit.

Quand on repense au rêveur de Grimble qui invitait les marsouins à une fête, il semble clair aussi que cette forme de " magie " (liée à la télépathie) est également une faculté du cerveau droit.
 

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