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Réveil de la kundalini
 

Je me suis retrouvé le 22 Août 1979 au cœur d'un événement qui devait bouleverser ma vie radicalement et de manière irréversible. Mon professeur de yoga, nous avait quelque fois parlé d'une force, tapie dans l'être humain, "comme un serpent enroulé sur lui-même" disait-elle, appelée Kundalini. Cette puissance, toujours selon ses propres dires, ne devait pas être réveillée, car elle pouvait nous tuer, ou tout au moins nous rendre fou, ou nous paralyser à vie ou toute autre chose redoutable. Il n'y avait qu'un yogi bien préparé, 20 ans de yoga minimum, un corps puissant à toute épreuve, un esprit pur, qui pouvait tenter l'expérience. Et encore fallait-il un maître avisé, se retirer dans une grotte (ce qu'il semblait souhaiter pour la fin de ses jours) et pratiquer cela à la fin de notre vie, car au moins, si nous y laissions notre peau, nous avions vécu. Par ailleurs, en mourir ne présentait guère d'importance car nous étions alors "libéré" ou "réalisé", je ne savais pas exactement le sens qu'il donnait à ce mot. Si cela devait vous arriver un jour disait-il "vous seriez comme un bouddha, ce serait un grand moment, on ferait une grande fête". C'est tout ce que je connaissais de la chose. Je savais vaguement qu'il existait des chakras en relation avec cette force, et qu'elle devait ressortir par le haut de la tête ; mais notre professeur nous déconseillait toute lecture ayant trait à cela, et nous frémissions chaque fois que nous entendions le mot "Kundalini".

Je venais quelques 3 semaines auparavant de rencontrer J. Krishnamurti, et quelques 6 mois avant j'avais vécu une expérience particulière au cours d'une pratique de yoga en solitaire. Je méditais profondément et soudain s'éleva au bas du dos un picotement comme un courant électrique, mais plus fin et d'une grande intensité. J'eus le réflexe en quelques secondes de bloquer ce processus, en y opposant une forte volonté. Cette énergie s'était élevée jusqu'au milieu du dos. Le choc des deux forces créa alors une secousse, et j'en fus ébranlé nerveusement pendant quelques minutes, pris dans un tremblement incontrôlable du corps. J'en relatais les faits à mon professeur de yoga "Ho la la ! si tu réveilles la Kundalini..." fut sa seule réaction.

J'avais oublié l'expérience. Mais lorsqu'en ce mois d'Août 79 le phénomène se reproduisit il atteignit la tête avant que je pus réagir. Je me rappelais alors ce premier choc. L'énergie était plus puissante, je ne pouvais la stopper sans risque, je décidais donc de laisser le phénomène se poursuivre. Le processus s'était activé au cours d'une pratique de yoga toute banale, comme tant d'autres personnes ont déjà pu en faire. Je ne pratiquais le hatha yoga que depuis un peu plus de 3 ans, et j'étais en train de faire ma séance quotidienne. C'était une fin d'après midi du mois d'août. Je me suis souvent demandé ce qui avait déclenché chez ma personne ce phénomène alors que les exercices réalisés n'avaient rien d'exceptionnel. En fait de multiples facteurs sur lesquels j'ai par la suite réfléchi ont dû intervenir.

J'étais dans ma chambre et, après une longue pratique de hatha-yoga, je réalisais quelques pranayamas, ou exercices respiratoires. Au bout de quelques minutes j'atteignais un état où le mental s'apaisait complètement. J'avais pour habitude de ne pas préparer les séances et de les mener suivant les demandes du corps, de manière tout à fait intuitive. Ce jour là, j'étais parvenu, grâce à une pratique bien menée, à un silence et une paix d'une grande profondeur, et cela, je pense, a été déterminant sur la suite des événements. Le corps était totalement détendu et je faisais un exercice de yoga des yeux afin d'améliorer ma vue. La respiration tout au long de ces une heure et demi de yoga m'avait mis quelque peu dans un état second, le corps en sur-oxygénation. J'avais donc au moment de cet exercice pour les yeux une respiration très courte et pour ainsi dire inexistante, la demande en oxygène étant pratiquement nulle. Le regard était tourné vers le bas. Au bout de quelques mouvements, j'eus alors l'impression que celui-ci se révulsait d'un seul coup vers l'intérieur, comme si mes yeux physiques se retournaient vers l'arrière. En réalité ils n'ont pas tourné. C'était juste une impression.

Je vis à ce moment là un phénomène de perspective, comme si mon regard plongeait dans la colonne vertébrale par le haut, et cela se présentait sous la forme d'un tunnel avec au bout une lumière. Lorsque je vis cette lumière elle fut spontanément projetée vers moi. J'ai alors senti monter dans le dos le même picotement très fin dont je vous ai déjà parlé. En quelques secondes celui-ci se développa jusqu'à la nuque. Je n'ai donc pas résisté à ce qu'il se passait. J'ai laissé faire et l'énergie est montée jusque dans la tête. Là a commencé à se déverser un flot d'énergie et de picotements dans tout le corps. En même temps que cette énergie se développait j'avais l'impression que ma sensibilité s'amplifiait. Je devenais plus sensible à tout ce qui m'entourait. L'énergie ne cessait de s'amplifier en intensité. À chaque seconde qui passait, le flot qui montait dans le dos était plus puissant, un peu comme un courant électrique, lorsque l'on met le doigt dans une prise. Et le phénomène s'amplifiait d'instant en instant. J'étais un peu affolé. Je me suis alors dit : " je vais aller prendre l'air, cela me fera peut être du bien ".

J'étais vigilant, mais le fait même d'être vigilant, attentif à ce qui se produisait amplifiait encore l'énergie et paradoxalement, l'énergie me rendait encore plus vigilant. Je sortis de chez moi et décidais d'aller au centre ville. J'habitais un peu en dehors à la périphérie de Marignane, une petite ville près de Marseille. Le phénomène continuait d'augmenter vers toujours plus d'énergie, de sensibilité, et d'attention.

Tout en traversant un champs, apparut à un moment donné au-dessus de la tête une petite colonne haute de quelques centimètres et large à peu près de un centimètre et demi. Celle-ci avait une couleur violette transparente, comme un objet posé sur la tête. À l'intérieur tournait une sorte de fumée. Je devinais que cela était un aspect de l'énergie se développant dans mon corps et passant par cette colonne, comme un prolongement du tunnel que j'avais vu précédemment, mais immatériel. Je constatais également que cette colonne pouvait se déplacer sur la tête. Lorsque la colonne était maintenue au sommet du crâne, l'énergie qui se déversait en moi se stabilisait, arrêtait de s'amplifier, et je me sentais en équilibre. Par contre, la colonne, elle, demeurait instable, et si je ne faisais pas attention, elle basculait vers l'avant. Lorsqu'elle venait se poser sur le front, un flot d'énergie encore plus puissant montait à travers le corps et m'envahissait. L'intensité de celle-ci commençait à chauffer énormément. Tout l'intérieur du corps me brûlait et tous mes sens vibraient alors qu'une luminosité se développait dans la tête.

Je constatais donc que j'avais un pouvoir sur cette colonne grâce à ma volonté. Je pouvais soit la maintenir au-dessus de la tête, soit la faire descendre sur le front. L'intention suffisait, comme lorsque l'on bouge une main, ou un bras. Je m'efforçais de la maintenir au-dessus de la tête, par la force de l'esprit. Après avoir traversé la campagne, j'arrivais à la ville. C'est alors que je croise quelques personnes. Je découvrais alors un autre phénomène surprenant. Lorsque je regardais quelqu'un, ma conscience se modifiait totalement. Tout d'un coup, la manière dont je voyais le monde se transformait instantanément. Pour que vous compreniez ceci, je vais vous donner une image. Prenez par exemple un appareil photo. Mettez y un filtre, et regardez à travers celui-ci. Mettez un filtre bleu, ou un filtre jaune, ou une lentille déformante qui agrandit les images ou une autre qui les rapetisse ou qui donne plus de distance, une autre qui rapproche, une qui fait apparaître certains détails ou une qui en enlève certains et en fait apparaître d'autres. Imaginez encore d'autres modifications et combinez tout cela de différentes manières. Ainsi la manière dont je percevais l'environnement changeait à tel point que parfois je reconnaissais à peine le monde qui m'entourait par rapport à l'instant auparavant.

En rencontrant de plus en plus de monde cela devenait un festival de transformations. Chaque seconde qui passait, cette rencontre avec la conscience de la foule était comme une succession d'univers qui défilaient devant mes yeux. C'était comme si ma conscience entrait en fusion avec les personnes présentes et qu'elle s'imprégnait de l'état de conscience des autres individus. À ce moment là ma conscience reflétait le monde tel que l'autre le percevait. Ainsi je découvrais que chaque individu, en temps ordinaire, voit le monde différemment. La conscience de chacun reflète des aspects différents de la réalité. J'arrivais à la terrasse d'un café, tout en maintenant la colonne au-dessus de la tête. J'aperçois alors des amis, et je m'installe avec eux. Comme vous vous en douteriez, la relation qui s'en suivit m'apparut très spéciale.

Je finis par rentrer chez moi. Le soir arrivait, et j'allais me coucher malgré tout peu rassuré, en m'efforçant de maintenir cette colonne au-dessus de la tête. Après environ 4 heures de sommeil, il devait à peu près être 2 à 3 heures du matin, je me réveillais subitement pris dans un océan de lumière et d'énergie, le corps littéralement en feu, une lumière éblouissante devant les yeux. Cette puissance d'énergie m'avait réveillé et je ne savais plus que faire. C'était apparu d'un seul coup est cela s'amplifiait de plus en plus. C'était tellement fort que cela m'aveuglait.

Pourtant, en sortant de ce sommeil, je gardais cette impression de sortir d'un gouffre sans rêve et sans existence. La nuit était assez noire, ce qui rendait le phénomène d'autant plus impressionnant. J'avais cette luminosité dans la tête et cela augmentait de plus en plus. Je me dis alors " bon, ça y est, c'est fini, je ne peux plus rien faire, je vais mourir, puisque c'est ce qui doit se passer avec la Kundalini ".

Je sais aujourd'hui que je ne risquais rien, mais ma peur avait largement été alimentée par tout ce que l'on m'avait dit sur le sujet. La sensation du corps qui brûlait de l'intérieur de plus en plus intensément ne faisait que me confirmer cette opinion. Pour vous donner une idée de l'intensité présente, imaginez que vous mettiez votre main sur une ligne à haute tension. J'étais mort de trouille. J'avais tout de même quelques notions de travail sur l'énergie, par le yoga. Je savais que pour renforcer la vitalité du corps il fallait charger le ventre et j'avais appris à travailler avec les mains. J'amenais donc mes mains sur mon ventre et avec le souffle y insufflais un peu d'énergie. Cela eu pour effet de calmer mes peurs, mais cela n'a pas calmé le phénomène qui a continué de s'amplifier de plus en plus.

À un moment je commençais à ne plus pouvoir bouger. Et cela devenait tellement puissant que j'arrivais à ne plus rien pouvoir percevoir. La sensation que j'avais de mon corps n'était plus que du feu. La perception que j'avais de l'extérieur n'était plus que de la lumière. Tous mes sens étaient tellement saturés d'énergie que je finissais par ne plus rien percevoir d'autre et pratiquement par ne plus pouvoir bouger. Je perdais conscience des choses. Je n'avais plus grand espoir de quoi que ce soit et je pensais à l'une des paroles de Krishnamurti qui disait " quelles que soient les épreuves dans votre vie, observez, placez-vous en observateur ". C'est ce que je fis. Je me suis dit " je vais me placer en simple observateur et je verrai bien où je vais aller, ce qui va se passer ". Et je me suis abandonné à mon destin.

Le phénomène a continué à s'amplifier. À un certain moment j'ai complètement perdu la perception du corps et de la conscience. Il n'y avait plus que de l'énergie et de la lumière. Puis j'eus une impression de dilatation dans l'univers, comme si je me dilatais de plus en plus dans celui-ci, jusqu'à l'infini, jusqu'à toucher les limites de l'univers, avec cette impression de devenir immense, immense, et à l'instant où j'atteignais les limites de l'infini, d'être réduit à la taille d'un point sans dimension, le point infini, de n'être plus rien, et tout en n'étant plus rien, de toujours exister quelque part dans ce point. Cela a peut-être duré une seconde ou dix minutes, mais je n'avais plus de notion de temps dans cet état. Impression bizarre que celle de disparaître et de ne plus exister. Ce n'est pas seulement rien du tout dans l'espace, c'est rien du tout dans l'existence. C'est comme si à un moment donné l'on entrait dans la non-existence. Pourtant il fallait bien que quelqu'un soit là pour vivre tout cela. Mais en dehors de cela, il n'y avait rien d'autre. Curieux paradoxe.

Et puis à un moment donné, doucement, j'ai commencé à revenir à ma propre présence, et à m'apercevoir que j'étais toujours là, que j'existais toujours. Mais je n'avais toujours pas conscience de l'environnement. Tout cela est revenu progressivement avec cette sensation de revenir à l'existence. Le temps passe, puis je reprends conscience et ressent à nouveau et progressivement mon corps. Quelques instants après, au prix d'un effort, j'arrivais à ouvrir les yeux. La lumière et l'intensité d'énergie n'avaient pas décru. Bien au contraire. Je regarde autour de moi la pièce dans laquelle je me trouvais. À travers les volets, un peu de lumière passait. J'habitais dans une cité éclairée par des lampadaires. Mais la pénombre n'était pas complète. Je voyais un peu les murs, et j'observais la chambre dans laquelle je me trouvais. Les murs vibraient. Tout ce que je regardais était vu sous une forme d'énergie. Les murs n'étaient plus que de l'énergie. L'air que je regardais n'était plus que de l'énergie. Je soulevais la tête pour observer mon corps.

C'était en plein milieu de l'été, il faisait très chaud, je dormais sur les draps. Mon corps n'était lui aussi plus que vibration et énergie et une lumière irradiait de lui comme des milliers de petits points lumineux, de manière très dense sur un pourtour de 10 à 15 cm, et en devenant progressivement plus diffus au-delà. Tout clignotait, l'univers était pure énergie. J'étais toujours couché et je commençais à percevoir des flots de lumières blanches et bleues qui passaient par vagues devant mes yeux et s'éloignaient vers un point éloigné.

J'eus alors comme une sorte de révélation sur mon état actuel, je savais qu'elle était ma destinée et ce que je devrai en faire. J'ai alors entendu dans ma tête une voix qui me dit spontanément " maintenant tu dois donner ". Cette voix était suffisamment puissante pour ne pas être issue de mon imagination. Elle était là comme un ordre, comme une nécessité, comme un destin auquel je ne pouvais échapper. Sur le moment je n'ai pas vraiment réalisé la signification de la chose, mais je pense que celle-ci s'adressait plus à mon être qu'à ma conscience. C'est alors que je réalisais que j'étais toujours vivant, mais que mon état demeurait instable, et que le flot s'amplifiait toujours de plus en plus. Mon corps était déjà très éprouvé.

Il commençait à apparaître en différents points du corps, qui correspondaient à ce que le yoga appelle les chackras et même entre ceux-ci, une sensation de chaleur comme provoquée par un liquide bouillant qui les traversait. Je me suis alors dit qu'il fallait faire quelque chose. Je commençais à nouveau à pouvoir penser correctement. Je réfléchis un peu. Mes parents dormaient à côté. Je ne devais pas les réveiller. Il valait mieux ne pas les affoler, et puis de toute manière ils ne pourraient rien faire. Je pouvais à nouveau bouger naturellement. Je connaissais un professeur de Yoga qui résidait à Aix-en-Provence. Cette ville était à plus de 20 km de Marignane. Il devait être 4 heures du matin. J'ai décidé de m'habiller et d'aller voir cet homme. Je pensais qu'il saurait me conseiller sur la marche à suivre car j'avais pratiqué avec lui certaines formes de Yoga de l'énergie, et je lui attribuais une grande compétence en la matière.

Avec précaution je quittais la maison est commençais à faire le chemin qui me séparait de la ville d'Aix-en-Provence. La force qui se libérait en moi continuait de s'amplifier de plus en plus. Chaque pas que je faisais me donnait l'impression de faire des bons. Pourtant je marchais simplement rapidement. Paradoxalement le temps s'accélérait, mon rythme intérieur s'accélérait. Un nouveau phénomène apparaissait : le mécanisme de la pensée se modifiait. Lorsque vous pensez, chacune de vos pensées apparaît quelques instants dans votre esprit pour disparaître et laisser en général la place à une autre. Toutes ces pensées se succèdent à leurs rythmes et ne sont que simple stimulation à la surface de votre cerveau. Elles demeurent en général stériles, quelques fois vous font comprendre des choses, ou d'autres fois vous amènent un certain plaisir. Si une action naît d'elles, elle prend racine dans nos désirs ou dans nos craintes, parfois au détriment de la logique ou de la lucidité. La pensé reste profondément intellectuelle et liée au cerveau. Ici, la pensé changeait de nature.

Tout d'abord un espace naissait entre elles. Les pensées se succédaient de manière linéaire en laissant un court instant de vide entre elles, dans lequel elles demeuraient absentes. Par ailleurs leur rythme de défilement s'accélérait comme tout ce qui paraissait m'habiter. Mon corps et mon esprit vivaient à 100 à l'heure. Chaque pensée, au lieu de simplement disparaître, arrivait comme à une finalité, où elle était vue dans sa nature, et trouvait son accomplissement propre. D'ailleurs, cela dépassait le cerveau, car la pensé à ce moment là l'avait quitté pour créer un autre espace au-delà de la tête. Dans cet accomplissement, c'est comme si la pensée explosait, et se transformait elle aussi en énergie pure. Ainsi toutes les idées qui me traversaient l'esprit, pour résoudre ma situation, finissaient par éclater avant même que j'ai pu me pencher sur elles. Et le rythme s'accélérait de plus en plus. Je rentrais profondément dans le mental, la conscience.

Au fur et à mesure que je rentrais, tout ce que je rencontrais au niveau de la conscience explosait. L'énergie s'amplifiait encore. Je profitais d'utiliser cette nouvelle force du mental pour envoyer des messages d'aide dans l'univers espérant peut-être contacter télépathiquement Krishnamurti ou quelqu'un d'autre qui pourrait m'aider. Mes les pensées sitôt qu'elles me quittaient se transformaient en énergie pure. Enfin, je ne pus même plus penser, car elles finissaient par exploser avant même d'atteindre le cerveau. Je ne pouvais même pas matérialiser mes idées car elles étaient immédiatement et spontanément désintégrées avant même d'être actualisées. L'énergie s'amplifiait toujours plus, et la vigilance qui naissait à l'intérieur de moi amplifiait ma sensibilité. C'était quelque chose d'extraordinaire, avec une sensibilité modifiée, en expansion permanente, comme si je me fondais dans cet univers. Et j'avais l'impression que si cela continuait de cette manière, je finirai par me désintégrer totalement, physiquement et psychiquement.

Puis, j'eus comme une sorte de choix à faire. Mon corps physique était littéralement en feu. Une sensation de liquide bouillant, comme lorsque vous ouvrez votre robinet d'eau chaude, s'écoulait en différents points du corps, points qui correspondaient à ce que la tradition du Yoga appelle les Chackras. Par exemple, au creux de l'estomac, jaillissait comme une fontaine de feu de ce liquide bouillant, énergie pure. Et ce même phénomène avait lieu au niveau de chacun des chackras. J'avais donc ce choix à faire entre la désintégration totale supposée, où je me serais fondu dans l'univers, ou rester bien vivant, incarné sur cette terre. Mais tout cela n'était pas des pensées qui me traversaient l'esprit car vous l'avez compris, le mental n'était plus un instrument utilisable.

C'était plutôt une évidence quant à l'orientation de mon état. J'ai dû faire plusieurs kilomètres en stop, le pouce levé, espérant qu'une voiture s'arrête et puisse me conduire à ma destination. Je traversais toute la ville, j'ai peut-être marché pendant 2 heures. Peu de voitures circulaient, aucune ne s'arrêtait. Je traversais une zone industrielle, et suis passé sous un pont. À un moment donné, spontanément, au dessus de la tête, réapparut la petite colonne. Immédiatement, l'énergie se stabilisait. Et là j'ai compris que pendant la nuit, probablement pendant mon sommeil, cette colonne avait basculé vers l'avant, ce qui avait permis cette expansion de l'énergie. Je pouvais à nouveau penser librement, normalement.

Cela a duré quelques minutes, pas très longtemps, et je me mis à prier Dieu, comme un dernier espoir, alors que j'étais athée. J'avais bien eu une éducation Chrétienne, mais j'avais rejeté la religion comme étant sans importance, futile. Donc, spontanément, je me suis mis à prier Dieu, et je lui disais que je ne voulais pas mourir, que je voulais vivre sur cette terre, aider, aimer... Je rappelle qu'à l'époque, je faisais des recherches sur l'alchimie. Je savais que les alchimistes, en créant la pierre philosophale voulaient trouver en même temps l'élixir de longue vie, espérant grâce à celui-ci vivre sur terre aussi longtemps qu'ils le désiraient. C'était cela ma recherche en quelque sorte. J'aimais tellement la vie que je ne voulais pas la quitter et donc, en priant Dieu, je demandais tout cela, pouvoir rester là, aider les gens etc.

Je poussais alors un gros soupir et c'est à ce moment là que toute la situation changea. Immédiatement, toute cette énergie qui m'avait traversé jaillit par le sommet du crâne comme un jet de feu littéralement bouillant qui retombait de chaque côté du corps m'enveloppant d'une " aura " merveilleuse, pendant que coulait dans la colonne vertébrale ce même liquide couleur or crème, et remontant vers le haut à une vitesse incroyable comme attiré par un aimant. Cela m'a traversé de part en part. Un flot bouillant dans la colonne vertébrale mais en même temps d'une extase et d'une jouissance inimaginables. C'était un flot de plaisir et de bonheur qui traversait la colonne.

J'éprouvais à la fois un sentiment de joie, de bonheur, de plaisir, d'amour, de béatitude, de jouissance, de lucidité, toutes sortes d'émotions, et vous rajoutez toutes les émotions les plus positives et les plus fortes que vous avez vécues dans votre vie, vous les multipliez par 10 ou par 100 pour l'intensité et peut-être cela pourrait traduire la situation. Mais de toute manière ce ne peut être imaginé. C'était insupportable, tellement fort que tout le corps, tel un fétu de paille dans la tempête, était pris de secousses, éclatait de rire, et en même temps fondait en larme, toutes les émotions que l'on peut vivre, tout cela en même temps. Le corps était comme un pantin au bout d'une ficelle et subissait totalement les choses.

À ce moment là, je n'étais plus un homme, j'étais un Etre Divin. Ma nature était divine avec cette impression que l'on venait de me poser sur la terre tel un Ange. Réellement une entité divine que l'on pose là et le monde était un Paradis. Ma première parole à cet instant fut un " ho ! " d'admiration devant l'émerveillement et la beauté du monde qui m'entourait. Il y avait quelques brins d'herbe sur le bord de la route, quelques chardons. C'était tellement magnifique, merveilleux, le Paradis sur terre. Je me vivais comme étant d'Essence Divine, dans mon centre, j'étais cette Essence, et ce centre n'était plus dans ce corps mais partout. Tu te découvres d'essence Divine et tout ce qui t'entoure devient paradisiaque et divin ! En même temps, un autre phénomène accompagnait tout ceci. Le temps changeait de nature. Alors que tout ce feu traversait ma moelle épinière pour sortir par le sommet du crâne, le temps s'était arrêté. Il avait pris fin à cet instant de mutation. J'étais sorti du temps.

Par ailleurs, l'intensité de vie était tellement forte, que je vécus dans la journée qui suivit avec cette sensation d'avoir vécu pendant 1 siècle. Ainsi, je découvrais que notre perception du temps est élastique et proportionnelle à notre intensité de vie. Pour l'enfant le temps est long alors que vers la fin de notre vie, celui-ci s'accélère. Mais là, le temps avait pris fin. Ainsi, si le corps continuait à vivre selon ses rythmes biologiques, l'esprit lui ne percevait plus que la réalité du présent. Je reviendrai sur cet aspect des choses. D'autres phénomènes se produisaient. Le mental était présent. Mais simultanément la totalité du mental, des pensées, et cela n'était pas une cacophonie, mais comme un feu d'artifice où chaque pensée était une lumière d'une profonde beauté. Le flot d'énergie qui ressortait par le sommet du crâne retombait comme une pluie de lumière d'or tout autour de moi et m'enveloppait dans une aura merveilleuse que je pouvais rétracter ou développer à volonté. Je découvrais un pouvoir de contrôle total sur ce flot d'énergie.

C'était comme un jouet merveilleux. Des révélations me venaient à l'esprit, me tombaient littéralement dessus, et cela devait se poursuivre plusieurs semaines. Je reviendrai là aussi sur cet aspect des choses. Aussi puissante avait été la tension, aussi puissante fut la décharge. L'instant du soupir, où l'énergie traversa le sommet du crâne, fut l'instant de basculement. C'était comme une naissance. J'étais né une première fois physiquement, je naissais une seconde fois, et j'étais l'enfant de cet univers. Un Etre naissait au fond de moi car celui-ci était nouveau, il n'existait pas pour moi auparavant, et il était mon nouveau centre. Mais " au fond " n'est pas le mot exact, car il était partout, et j'étais lui, le corps était au centre.

L'image que je pourrai en donner est celle du Phœnix, car en même temps quelque chose est mort en moi, et aujourd'hui encore, cette chose me reste inconnue, inaccessible à ma conscience comme si elle n'existait pas et n'avait jamais existé, mais autre chose et né, et cet autre chose est devenu moi-même. Alors que j'étais en pleine crise de rire, de larmes, de bonheur, crise qui de l'extérieur pouvait passer pour de l'hystérie, tout à coup, un gros camion arrive en face de moi et s'arrête sur le chemin. Le chauffeur en descend, j'étais complètement hilare, et il commence à me parler, à me demander son chemin, il ne savait pas où il était. Quelque chose d'extraordinaire se passait. Cet homme me parlait, et celui qui me parlait était un être divin, enveloppé dans une aura de lumière magnifique, avec son propre parfum. Cet homme était enveloppé dans une magnifique lumière, dans la présence de l'Etre. Il était comme moi. Et alors là, je m'interrogeais profondément. Je venais de découvrir une divinité en moi, quelque chose de divin, une nature divine, et je voyais aussi cet homme comme un être divin. Et je me suis dit, comment est-ce possible, moi, je viens de naître, et lui est déjà comme cela.

Par la suite, je rencontrais encore d'autres personnes, et je découvrais tout le monde ainsi, des anges sur terre. Et je me dis " serai-je le dernier à apparaître dans cet état, à naître sur cette terre, mais alors quelle conspiration du silence". C'était quelque chose de complètement fou. Mais je me suis vite aperçu que le comportement des individus ne correspondait pas du tout à l'état dans lequel je les percevais. Encore un paradoxe. Cette réalité était là, et c'est comme si tout le monde faisait comme si elle n'existait pas. Je me doutais pour l'avoir vécu que l'humanité ignorait sa propre réalité. Mais mes sens me révèlent depuis ce jour l'être humain comme quelque chose de totalement différent, et je dois jongler en permanence dans ma conscience pour me dire, tu vois un être divin, mais lui ne le voit pas.

Et ainsi le monde paraît absurde entre ce que nous sommes et la manière dont nous nous évertuons à nous comporter comme si nous n'étions pas cela. Cet homme, après avoir posé ses quelques questions, eu l'air bien fatigué. " Je crois que je vais allez dormir " dit-il. Il remonta dans sa cabine, et tira les rideaux. Je me dis ce jour là, "si chaque être humain vivait cette expérience, la face du monde en serait changée". Je continuais à faire du stop, bien que cela n'ait plus grande importance. Mais puisque j'étais sur la route, autant aller voir la personne que je voulais rencontrer et lui raconter mon émerveillement et la chose exceptionnelle qui venait de m'arriver. Nous nous en réjouirions ensemble, car j'avais grande estime envers cet homme, George *, que je considérais comme un Yogi accompli. Une voiture s'arrêta, pour m'amener à Marseille. De là, je trouvais une autre voiture pour m'amener à Aix-en-Provence. Cela faisait un petit détour, mais peu importe, je n'étais plus aussi pressé. Je ne sais pas comment les personnes que j'ai rencontrées me percevaient, mais il m'était difficile de contenir mon nouvel état.

Je débarquais ainsi à Aix-en-Provence, parcourant la ville, mais je ne trouvais pas George. Je me rendais alors chez un professeur de do-in et shiatsu, Laurent *, que je considérais comme un sage, afin de me procurer l'adresse de George. J'avais bien l'intention d'expliquer à Laurent ma situation. Mon seul désir était de partager ce cadeau du Ciel. Lorsque je sonnais à la porte de Laurent, je rencontrais un homme bien différent de celui que j'avais connu. Mais peut-être mon regard y était-il pour quelque chose. Une chose me surprit alors. J'étais dans l'incapacité d'exprimer ce que j'aurais aimé dire à ce moment là. Non pas parce que je me sentais bloqué, bien que d'une certaine manière il s'agissait un peu de cela, mais parce que cet homme était dans l'incapacité de recevoir ce que j'avais à dire. Pour une raison quelconque, qui dépasse la simple conscience, ce phénomène s'est reproduit depuis bien souvent.

Si l'autre ne peut entendre, je ne puis exprimer. Toute la volonté du monde ne peut rien y faire. Ainsi, je découvrais également que toute forme d'efforts était devenue impossible. La volonté à la source de l'effort avait disparu. Si je n'étais pas capable de faire quelque chose naturellement, je n'étais pas capable de le faire du tout. À partir de là, la seule évolution possible pour réaliser quelque chose qui m'aurait demandé un effort, était de me dire " comment arriver à le faire naturellement ". Et paradoxalement, la seule manière d'apprendre le naturel était d'intégrer la conscience en rapport avec ce que je voulais réaliser, c'est-à-dire, désapprendre. Je constatais qu'à partir de ce jour, alors que jusque là ma personnalité n'avait cessé de se développer, mon être prenait le relais, et la personnalité ne constituait plus qu'un réservoir de conscience dont l'Etre pouvait s'habiller ou se défaire mais qui de toute manière était destiné à être intégré.

Ainsi, ce qui était auparavant le moteur de l'action devenait l'obstacle et n'était plus que conditionnement inactif. Laurent me laissa à la porte. J'étais un intrus, je devais paraître fou, avec mon sourire de Bouddha, mes yeux qui étaient remontés et mes paupières qui tombaient jusqu'à la moitié de la rétine (je m'étais regardé en fin de journée dans une glace), mes tremblements et tous le reste. J'insistais avec un ton d'urgence pour lui demander l'adresse de George, ce que je réussis à obtenir. Mais je ne trouvais pas George à son domicile.

Je finis par prendre le chemin du retour, après avoir tout de même téléphoné à mes parents afin de les rassurer sur mon absence. En cette fin de journée, j'avais vécu d'une intensité inimaginable, et ce n'était pas fini. La puissance d'énergie décrue sur une durée de trois semaines environ durant lesquelles ce fut révélation sur révélation. Pendant deux à trois jours je ne pus ni manger ni dormir, je n'avais pas faim, je n'étais pas fatigué. Le troisième jour, le seul aliment que je pus commencer à prendre était le lait ou les produits laitiers. Je constatais que ceux-ci avaient pour effet de temporiser l'énergie, puis je pus dormir quelques heures, et tout fini par rentrer dans l'ordre. Je n'étais plus le même homme, tout me paraissait facile, merveilleux, j'avais une mission, je comptais bien l'accomplir, mais c'était compter sans la résistance du monde.  

Dans la continuité naturelle de cette expérience, le nouvel être que j'étais se sentait porteur d'une véritable mission à accomplir. Ce sentiment était largement alimenté par les révélations multiples qui ne cessaient d'apparaître. Parmi celles-ci, un grand nombre touchait directement l'humanité ; d'autres me concernaient plus particulièrement. Ainsi, il était certain que j'avais quelque chose à apporter, et cela faisait partie de ma nature, je ne pouvais m'y soustraire. Curieusement, alors que l'expérience n'avait aucun lien avec une religion quelconque, je me sentais une affinité et ressentais une identité Christique à travers le mouvement qui me poussait vers les hommes. De grandes révélations sur l'origine, le but et la finalité de la création, la place de l'homme dans celle-ci, m'apparaissaient.

Ainsi, de par notre nature divine, nous étions co-créateurs avec le divin et constituions un pont entre Dieu et sa création. Par son union avec le divin, l'homme doit permettre à celui-ci de se manifester totalement dans sa création jusqu'à l'instant de la grande joie finale où les deux existeront en unité, le non manifesté dans le manifesté, l'éternité dans le temporel, l'unité dans le séparé etc.. À ce titre, la place de l'homme revêt une importance primordiale dans le processus de développement de cette création, et il doit y collaborer. Pour cela, un homme ne peut y arriver seul, et, s'il veut avancer dans cette direction, il doit également entraîner les autres avec lui. Je me trouvais dans cette situation, faisant partie de la famille des individus amenés à collaborer à cette évolution. J'ai parlé d'une naissance pour décrire le nouvel état dans lequel je me trouvais après l'éveil de Kundalini, et j'ai vraiment eu l'impression de devoir tout réapprendre avec un nouveau regard. Ainsi, je me rappelle, par exemple m'être retrouvé un stylo à la main, et avoir eu un instant d'hésitation, ne sachant comment écrire. Et lorsque les mots se sont enchaînés, avoir fait cet acte de manière neuve, le découvrir au fur et à mesure qu'il s'affirmait.

Ceci s'est confirmé pour beaucoup de choses, et la manière dont j'abordais l'existence se faisait avec une conscience inversée, comme si j'avais toujours vécu dans le miroir, et que tout s'était remis à l'endroit. Auparavant je ne voyais du monde que ce que ma conscience me renvoyait, celle-ci s'interposant entre lui et la vision que j'en avais. Mais là, la conscience restait derrière, et par cette nouvelle situation, semblait s'être inversée, ma perception étant directe. Ainsi la conscience ne m'apparaît t-elle plus que comme un miroir sur lequel s'accumule l'image de nos expériences, et reflétant le présent, celui-ci se reconnaissant dans celle-là. Mais n'est-ce pas le miroir qui est inversé.

J'ai parfois l'impression de vivre au sein d'une humanité qui prend les choses à l'envers. Pendant un peu plus d'une année, je dû tout réapprendre, et je vivais une succession d'expériences et d'état que je ne contrôlais pas toujours mais qui rendirent difficile la vie dans laquelle je m'étais engagé jusque là. Une année d'étude où j'étais ballotté entre la découverte d'un monde et d'un univers fascinant et la nécessité d'accomplir un retour vers les tâches qu'exigeaient mes études de kinésithérapie, les travaux à l'hôpital la matinée, les cours dans les amphithéâtres l'après-midi, les travaux d'étude dans ma petite chambre d'université le soir, ce qui m'occupait à peu près 12 heures par jour, et des états de Samadhi qui saisissaient chaque occasion pour se manifester. Chaque état de Samadhi était une percée à travers la conscience me faisant percevoir la réalité au-delà des apparences sensorielles.

J'avais beaucoup de mal, surtout au début à me concentrer sur mes leçons qui m'obligeaient à mémoriser systématiquement des pages et des livres d'anatomie, de physiologie, etc.. Dès que je me concentrais sur quelque chose d'ailleurs, l'esprit s'absorbait, et cela a duré longtemps, aussi longtemps qu'il y eût une terre inconnue et nécessaire à explorer. Imaginez que vous ouvriez votre cahier, vous commencez à lire, à essayer de mémoriser, et sans vous avertir, les mots grossissent, ondulent, et vous vous retrouvez happé dans quelque dimension de l'esprit, n'ayant plus qu'un lien tenu avec votre table de travail, jusqu'à ce que vous reveniez tranquillement pour poursuivre votre leçon, avec un esprit plus vaste, certes, ou une compréhension accrue de l'univers ou de votre nature mais sans avoir pu avancer d'un pouce sur cette tâche des plus ardue qui est celle d'accumuler des informations. Ou bien vous soignez un malade, lui massant une plaie, et votre esprit entrant en union avec sa souffrance, n'ayant plus de barrière, vos énergies se transfèrent tout naturellement vers cet être qui en a grand besoin, vous laissant tellement vide qu'il vous faut vous enfuir pour récupérer.

Je mettais deux fois plus de temps à réaliser les choses. Mais quelles merveilles de voir ces " anges " que sont les êtres humains, avec leur aura, leur conscience, leur être. Tout cela m'apparaissait dans toute sa splendeur, et chaque individu était un univers à lui tout seul qui méritait mon attention et mon intérêt. Ainsi, les envolées de l'esprit me faisaient découvrir le monde sous un tout autre aspect. Je pénétrais dans les pierres et les éléments de la nature, goûtant leurs essences jusqu'à en devenir parfois ivre, ou bien je plongeais dans les profondeurs de moi-même découvrant des espaces de paix, de plénitude, ou des dimensions que je ne soupçonnais pas. Au bout d'une année d'étude supplémentaire je dû me rendre à l'évidence. Je ne pourrai jamais exercer cette profession, de par les contraintes qu'elle m'imposait, et j'avais autre chose à faire, il me fallait enseigner le Yoga et rendre accessible à l'être humain toutes ces merveilles. Je voudrais expliquer ici ce que sont ces états d'absorption dans les choses que la science du Yoga nomme Samadhi. S'ils étaient nombreux et fréquents dans la période qui a suivi l'éveil de la Kundalini, il se sont, avec le temps espacés de plus en plus pour ne pratiquement plus exister aujourd'hui, et ceci a une double raison.

Tout d'abord comprenons la nature du Samadhi. La Kundalini dans son éveil complet est un Samadhi, c'est-à-dire la percée de l'esprit, qui, quittant son emprisonnement au fond de la matière (le corps), des instincts (le vital), de la conscience (le moi), trouve sa liberté en reprenant contact avec notre nature divine profonde. Mais comme je le dis souvent, on peut être un idiot avant l'éveil de la Kundalini, est rester un idiot après. C'est-à-dire qu'à travers cette percée ne seront transformés chez l'individu que les aspects de celui-ci faisant obstacle à cette percée. Ce qui veut dire qu'un éveil de Kundalini ne constitue en rien un état de perfection, tout au plus un instrument supplémentaire nous permettant de réaliser celle-ci pour le peu que nous voulions nous perfectionner c'est-à-dire accomplir totalement notre vocation et notre nature divine.

La Kundalini est donc une brèche dans le chaos et l'obscurité humaine à travers laquelle nous pouvons avoir accès à la réalité, la plus haute étant ici celle de notre réalité divine. Chaque fois que nous empruntons cette brèche, cela l'agrandit et se traduit par un état de Samadhi c'est-à-dire une perception des choses dans la nature même des choses perçues sans que la conscience ou tout autre forme de conditionnement intervienne, à travers la simple présence de l'esprit. Plus la brèche s'agrandit, plus le voile du conditionnement disparaît, laissant de plus en plus souvent l'esprit dans un état de vacuité qui est Samadhi naturel ou rien ne fait obstacle entre le profond et la périphérie.

Un deuxième fait vient se rajouter à ce mécanisme. Lorsque l'esprit se rend compte de cette double nature, de son état de liberté dans la vacuité et des limites de celle-ci constituant donc les limites de la brèche, il n'a de cesse de faire reculer celles-ci, entrant en Samadhi sur la conscience elle-même, vecteur de ses limites et du conditionnement. Commence alors un lent processus d'intégration, ou de désintégration de la conscience, se transformant alors en Supra-conscience qui est à l'être ce que la conscience ordinaire est à l'ego. D'autres états succèdent à celui-ci ; mais nous pouvons penser qu'une personne ayant éveillé sa Kundalini mais n'ayant pas réalisé la nature illusoire de la conscience posséderait cette double ambiguïté, celle d'avoir un esprit libre tout en continuant à vivre sur ce que la conscience nous renvoie, sachant au fond de soi où est la réalité, mais la conscience doutant de celle-ci s'attachant à ses propres mécanismes et croyances avec autant de force qu'elle cherchera à imposer ses vues.

Ceci peut être car l'être, même réalisé, peut manquer d'intelligence et de force ; mais il lui suffirai de voir l'illusion de cette conscience pour que s'amorce alors ce lent processus. Ainsi, si l'éveil de la Kundalini nous libère de l'autorité extérieure, il ne nous libère pas de notre propre autorité. Je devais réaliser cela quelques années plus tard par un choix de l'intelligence qui fît irrémédiablement tourner l'esprit vers le soi non intégré, pour sa propre fin, laissant les affaires du monde à l'être-présence, choix le plus adéquate pour permettre le développement de cet être et la fin de cette conscience. Je dois dire que les limites de la conscience individuelle ont vite été atteintes, pour le peu qu'elles ont subsisté, ouvrant l'esprit sur une conscience collective toujours plus vaste et partagée entre plusieurs univers.

Ainsi, le monde m'apparaît aujourd'hui sous 4 états principaux superposés les uns aux autres, ayant autant de réalité perceptible les uns que les autres, et dont je ne peux éviter la confrontation, existant dans chacun d'eux, le monde de la matière que nous connaissons tous, le monde de l'énergie qui prend de multiples aspects, les mondes de la conscience dont font partie la conscience collective de l'humanité mais aussi celle de la nature etc..., et les expressions Divines, plus courantes que l'on ne croit. Je rajouterai, et cela constitue la plus récente des réalisations, qu'il existe un lieu focale d'unité à la source de tout, réunissant et unifiant tous les aspects du corps, de l'esprit et de l'âme, point de création pure et transfigurateur, dont le poème ci-après constitue l'expression la plus adéquate.

O Seigneur
Toi qui t'es révélé dans ton éblouissante lumière,
Toi dont la caresse est d'une infinie douceur,
Toi que l'on ne peut toucher que par l'humilité,
Toi qui m'as montré la transfiguration,
Toi qui as touché mon cœur, y réveillant, de ton doigt, la flamme du bonheur
Toi qui es créateur, y faisant naître une nouvelle œuvre
Dans un flot ininterrompu de lumière, de feu et d'amour
Au carrefour de l'unité, de l'évolution et de la création
Car tous les cœurs sont Un.
Toi qui génères la vie chaque nuit, y effaçant de ta main la tare de l'ignorance
O Seigneur, que ton nom soit porté dans tous les univers,
Ta grandeur exaltée, afin que nul ne s'endorme sans porter en son sein l'Etre divin qui lui appartient.

 

L'une des choses les plus surprenantes, et les plus belles qu'il m'ait été donné de voir est cette merveilleuse lumière, aura, rayonnement, présence, qui entoure l'être humain, le corps. Dès l'éveil de la Kundalini, le monde m'apparaissait déjà différent, baignant dans une lumière et une présence immanente à toute chose, les objets, les animaux, les humains, éclairant ce monde d'une beauté indescriptible, dans de multiples aspects, et l'univers continue de s'ouvrir devant moi. J'avais retrouvé la vue, et j'en usais allègrement, comme un enfant émerveillé. Même l'aura la plus noire, d'un noir de jade profond, m'apparaissait parmi les plus belles. J'ai déjà cité cette communion de la conscience avec mes frères humains, cette perception d'un état divin, ou d'autres phénomènes accompagnant l'individu. Comment décrire la nature de la lumière à celui qui n'a jamais vu, la nature du son à celui qui n'a jamais entendu. Je me promenais aujourd'hui dans les rues de Perpignan et une présence bleutée, profonde, manifestation d'une Supra-conscience de paix et d'incarnation divine descendait sur ce corps, s'étalant sur des centaines de mètres tout autour, et l'accompagnant à travers la ville, donnant une couleur, une ambiance aux choses et aux êtres dans une grande beauté.

Pourquoi l'homme est-il aveugle à tant de beauté, mais il est aussi aveugle sur beaucoup de laideur, et certaines manifestations du mal, du chaos, ou de la perversité, si elles étaient vues en face en rendrait fou plus d'un. Mais au début, je ne voyais pas la différence. J'étais émerveillé par tout ce qui brillait, et j'ai appris sur le tas, si je puis dire, par la simple observation et découverte, la signification de ce que je voyais ou les liens d'avec ce que nous connaissons communément. Ainsi, je me suis brûlé les ailes plus d'une fois. Imaginez que vous marchiez dans la rue, et vous voyiez tout le monde, ou presque, tout à fait naturellement, enveloppés dans une lumière, une présence, une " onde " pour laquelle je n'ai pas de mots, n'ayant pas son équivalent dans notre vocabulaire, et cela est tout à fait différent d'un individu à l'autre, peut changer et évoluer chez un même individu, entre en interaction avec le milieu environnant, les autres, présente des dominantes, en fonction du tempérament, de l'état d'esprit, de la pensée, des émotions, de l'état de vie etc. dans de multiples couleurs et aspects ; et même, chaque organe reflète sa propre lumière si l'on sait ajuster l'œil.

Comment alors ne pas considérer l'individu différemment, avec plus de respect, plus de noblesse. Même le plus vil apparaît beau, même si j'ai appris à me méfier de cette lueur rouge autour des yeux, ou de cette tâche noire sur le cœur. Autre constatation, je découvrais que les individus relationnaient aussi avec tout cela. C'est-à-dire que tout cela n'est pas passif, mais le résultat d'une profonde activité. Ainsi, telle " onde " ou telle partie de soi va communiquer avec l'équivalent chez votre voisin, de manière autonome parfois, créant en finalité des résultats tout à fait surprenants chez l'individu alors que tout le déroulement s'est produit de manière tout à fait inconsciente ; et nous ne savons pas pourquoi "cela" nous arrive alors que nous l'avions préparé, anticipé, suggéré.

Comment peut-on être aussi aveugle sur soi. En fait l'être humain croit, de sa conscience, être le maître de sa vie, alors que la plupart des choses ont lieu à son insu, et que l'on ne peut que constater le résultat. La vie se déroulant à l'intérieur de nous nous échappe complètement, et la conscience n'est qu'une minuscule fenêtre dont la tentative est de nous rendre plus libre, mais qui comporte elle-même et en elle-même, déjà trop de problèmes pour répondre adéquatement à cette vocation. Mais j'imagine parfois une humanité pour laquelle ces manifestations de soi seraient révélées. Elle serait obligée de vivre différemment. Que de temps perdu retrouvé. Quelle profondeur dans la communication.

Que de solutions seraient trouvées à nos multiples problèmes. Que d'illusions n'auraient plus leur lot. Je ne rentrerai pas dans le détail de mes multiples observations. Cela a peu d'utilité, et l'on pourrait même se poser la question sur la pertinence de retrouver une conscience de tout cela. Cela est-il nécessaire pour une quelconque évolution humaine ? Je dirai en fait que ce ne peut être un but en soi mais simplement la conséquence ou le résultat d'un travail sur soi. En effet, j'ai pu remarquer plusieurs choses. D'abord, l'évolution de cette sensibilité, qui, si elle est une merveille pour l'esprit, rend extrêmement vulnérable. Comment peut-on se protéger de la noirceur d'un cœur lorsque vous vivez l'autre dans votre propre cœur.

Comment se protéger de la souffrance de l'autre, physique ou morale, lorsque votre chair ou votre esprit souffre à l'unisson avec lui, ressent cette souffrance de l'intérieur ou lorsque votre conscience vie la distorsion de sa conscience, parce qu'elle n'est plus séparée de l'autre... Les traces laissées par le chaos du monde sont réelles, et ce chaos ne vient pas seulement des êtres humains. Plus de protection possible, la sensibilité étant totalement ouverte.

Mais alors, il faut développer les qualités d'âme, et l'intégration, c'est-à-dire la transmutation, je dirai même la transfiguration du chaos psychologique, énergétique et même physique régnant sur cette terre. Nous devenons alors le creuset dans lequel a lieu cette transmutation, et nous brisons la chaîne du mal, d'une part en essayant de ne pas le perpétuer lorsqu'il nous atteint, d'autre part en le faisant disparaître de soi, en brûlant les scories, en réorganisant la conscience, en restructurant le corps etc.. Cela est possible et devrait faire partie de nos réflexions et actions quotidiennes. Par ailleurs, plus la connaissance de soi est profonde, plus la sensibilité augmente, et l'univers ouvre de nouvelles portes à la perception, nous présentant d'autres aspects etc.. Ainsi, nous pouvons penser que ce processus n'a pas de fin, c'est-à-dire que nous pouvons nous ouvrir toujours plus sur la vie et le monde allant de découverte en découverte.

Ce que l'autre nous reflète alors n'est plus qu'un aspect de sa réalité, et l'on peut supposer qu'un individu ayant développé son esprit et son Etre différemment de soi perçoive alors les choses de manière totalement différente. Il est curieux de se rendre compte à quel point la conscience ou la sensibilité que nous avons des choses peut être subjective ou malléable. Ceci s'imposait à mon esprit avec force à travers toutes les expériences que je vous ai déjà décrites et bien d'autres encore.

J'en relaterai quelques unes ici, afin que vous compreniez bien de quoi il s'agit, comment et à quel point nous sommes conditionnés, limités dans notre vision du monde, figés dans celle-ci, ignorants et inconscients de vivre dans une prison. Avec l'éveil de la Kundalini, l'esprit trouve une certaine liberté. Mais il trouve une liberté, non pas parce que les problèmes sont résolus, parce que le chaos intérieur prend fin, ou parce que l'Etre grandit, mais parce qu'il se crée une dissociation de cet esprit d'avec le corps et la conscience. Dans l'état habituel de l'être humain, l'esprit est à ce point identifié à ces deux aspects qu'il ignore totalement sa propre nature qui est sensibilité et créativité, et l'esprit au lieu d'être un instrument de l'Etre à travers ce double aspect est alors un instrument de l'ego, ne reflétant plus que la personnalité psychologique et intellectuelle, ou la sensorialité des désirs et du vital.

Avec la Kundalini, l'esprit est propulsé au-delà du corps, du vital et de la conscience vers l'Etre divin et se réalise dans une unité transcendante avec celui-ci, faisant naître au centre un nouvel être, résultat de cette union, se vivant lui-même d'essence divine. Mais comme je l'ai déjà expliqué, cela n'empêche pas la conscience de reprendre parfois le pouvoir, par ignorance plus que volontairement d'ailleurs, plutôt que de se mettre au service de cet être. Cette malléabilité nouvelle de l'esprit me permettait non seulement de communiquer avec l'esprit et la conscience des autres mais aussi d'agir sur ma propre sensibilité et conscience.

Ainsi, du plus bas, la matière, au plus haut, l'Etre divin, l'esprit pouvait se placer à un bout ou à l'autre, faisant apparaître les choses tout à fait différemment. Par exemple, vu de la matière et sensoriellement, la matière est pleine, et l'espace est vide. De l'autre pôle c'est l'inverse, l'espace est plein, la matière est vide ; lorsqu'on est placé dans le cœur, entre les deux, les choses s'équilibrent ; et je me suis amusé parfois à monter et descendre mon point d'observation comme un curseur pour faire varier ma sensibilité, avoir l'une ou l'autre perspective, comme régler une caméra, un écran d'observation. Le même phénomène existe par rapport à la conscience selon que l'esprit est intériorisé, - soi-même est -, nous existons pour nous-mêmes et nous sommes un avec notre conscience, notre individualité, ou extériorisé, l'esprit est vide sans centre, - mais l'autre est -, la conscience de l'autre existe.

D'autres phénomènes de ce type peuvent avoir lieu, notamment dans la relation entre les êtres et nous les vivons parfois à notre insu, sans nous en rendre compte, ces moments pouvant nous apparaître magiques, ou tout à fait inhabituels. Je me rappelle m'être retrouvé une fois dans ma chambre universitaire d'étudiant dans un état d'abandon total, la volonté motrice du corps ne fonctionnait plus, et pourtant j'étais pleinement éveillé et lucide. L'esprit était absorbé et traversait la sphère mentale, puis il est monté au-dessus. Sensation extraordinaire que de voir le flux du mental en dessous, un peu comme si vous regardiez une maison d'un petit avion au-dessus. Les pensées jaillissaient, tentaient d'atteindre l'esprit mais ni arrivaient pas, disparaissant alors, comme englouties dans un absolu de paix d'une profondeur que l'on ne peut imaginer sans l'avoir vécu.

Et plus l'esprit montait, mais je ne saurais dire s'il montait ou descendait, il n'y avait pas de direction, donc plus l'esprit rentrait dans cette profondeur, plus le flux du mental semblait être loin en dessous, se tendre vers vous sans vous atteindre, et les pensées s'espaçaient de plus en plus, ralentissaient, jusqu'à disparaître, et cessaient. Seule subsistait alors cette Paix incommensurable, baignant tout. Et de la même manière que ma conscience avait été absorbée dans cette paix, la conscience de cet ami, qui me rendit visite à ce moment-là s'absorbait dans cette paix. Aussitôt qu'elle s'exprimait, aussitôt que l'une de ses pensées s'exprimait, elle était immédiatement et spontanément absorbée et dissoute dans cet océan de paix qui nous baignait.

L'océan disparut comme il était venu. Mais de telles Grâces laissent des traces indélébiles dans la conscience, dans l'Etre, et il me plaît de penser qu'un jour toute la force de cette paix se manifestera pour être partagée sans réserve. Pour l'heure, mon travail se situe ailleurs. Je voudrais donner quelques précisions sur ce qu'on entend généralement par " Kundalini ". En effet, indépendamment du terme qui désigne un processus d'énergie précis, ce mot est parfois associé à une " connaissance ésotérique ", qui n'a de sens que pour une certaine élite intellectuelle. Mais ceci ne nous concerne en rien ici. Il existe également tout un courant spiritualiste qui fait grand cas de ce qu'il appelle l'ouverture des chackras avec une approche de certaines techniques de visualisations ou autres etc..

Mais du point de vue de ce qui nous occupe ici, tout ceci reste bien souvent superficiel et porteur d'une grande part d'illusions. Par exemple, je me suis toujours demandé d'où venait cette idée des chackras reflétant les couleurs de l'arc en ciel ... Après des années d'observation effective de cette réalité subtile, sur des centaines d'individus, c'est une chose qui ne m'est encore jamais apparue. D'autant plus qu'il n'y a pas véritablement de règle car comme pour l'aura, même si l'on observe certaines constantes, cela peut très bien varier en fonction de la qualité des énergies présentes ou de l'état général de l'individu. Par ailleurs, tout cela ne présente guère d'intérêt pour celui qui ne travaille pas de manière effective à développer la Kundalini, car ce que la science du yoga appelle chackras et nadis n'est qu'un système de circulation de l'énergie parmi d'autres rattaché précisément à l'énergie de la Kundalini, et qui ne s'active véritablement que si celle-ci s'active.

La force de la Kundalini est pour ce système ce que notre sang est pour le cœur et les vaisseaux sanguins. Vouloir travailler les chackras sans la Kundalini est comme vouloir respirer en se bouchant les narines. Au mieux les techniques employées agiront sur le système nerveux ou psychologique, mais appelons un chat, un chat. J'ai même vu des personnes ne plus parler qu'en terme de chackra " j'ai mal au troisième chackra " ou prendre toutes sortes de phénomènes d'énergies pour la Kundalini, rechercher le pouvoir, être celui qui arrive, qui domine etc. et même travailler des kundalinis " occultes ", c'est-à-dire des forces qui n'ont rien de créatrices ou de divines mais qui empruntent les mêmes circuits et libèrent l'esprit non pas sur quelque chose d'absolu mais sur des plans intermédiaires, des entités qui n'ont de dieux que le nom, voire des plans diaboliques. Car dans la confusion et l'ignorance, tout ce qui passe par la colonne vertébrale est appelé Kundalini, et certaines forces, si elles ne sont pas dangereuses pour le corps, le sont pour l'Ame et l'esprit en permettant que des êtres qui n'ont rien d'humain viennent prendre possession de nous.

Et ceci est plus courant que l'on ne croit car ces forces inférieures n'ont pas besoin de l'acceptation de l'individu pour nous pénétrer, et j'ai vu de nombreux groupes humains sous la manipulation et la domination de telles entités. Je reparlerai plus loin de cet aspect spécifique. Depuis ce premier éveil de Kundalini, j'ai pu en expérimenter d'autres, de toutes sortes, ouvrant sur d'autres aspects du Divin, d'autres intelligences, mais aussi parfois, à mes dépens, et dans l'ignorance, ou même sans le vouloir, par accident ou par confrontation, à des formes inférieures. De la même manière j'ai pu expérimenter l'existence des chackras sous de multiples aspects, et pour ceux qui ne croient pas en leur existence, je témoigne ici de leur réalité concrète en tant que structures d'une physiologie subtile rattachée à la conscience et à l'énergie. J'expliquais que le système des chackras et des nadis avec leur énergie associée, la Kundalini, était un système parmi tant d'autres. Là aussi on voit nombre de confusions.

On parle du chi, des méridiens, des nadis, du hara, de la Kundalini, du Christ, du Supramental etc.. On met tout cela dans le même sac, on mélange bien, et on en sort une belle théorie, un beau système qui, s'il a le mérite, parfois, de synthétiser notre pensée, ne fait en fait que refléter l'ignorance de l'auteur. Et il faut soi-même être quelque peu éclairé pour y trouver quelques éléments de réflexion intéressants. Cette confusion serait comme de confondre le rôle de nos poumons avec celui de notre estomac, ou de trouver un traité de physiologie qui parlerait de circulation du sang dans les nerfs ou de flux nerveux dans les vaisseaux sanguins ...

Dans le domaine de l'énergie et des systèmes associés, nous en sommes encore au moyen âge. Et si la médecine chinoise par exemple a décrit avec précision la circulation méridienne et son énergie associée, le chi, gardons-nous de la confondre avec le système des chackras et des nadis, ce qui serait comme de prendre un organe pour un autre. Même si les deux systèmes ont un lien quelque part, comme toutes choses dans l'Etre humain, ils gardent chacun leur individualité et leur fonctionnalité propre, et ce ne sont pas les seuls. Dans les mois qui suivirent l'éveil de la Kundalini, je m'empressais d'acheter quelques ouvrages sur le sujet, ne connaissant rien au phénomène. C'était comme de s'informer sur ce qu'il m'arrivait.

Mais ces ouvrages m'ont peu éclairé, soit parce qu'ils étaient trop abstraits, leurs auteurs parlant d'un phénomène qu'ils ne connaissaient pas, mais qu'ils analysaient à partir d'une tradition, d'une religion ou de quelques récits, soit parce que trop conditionnés par une culture, la culture indienne, ou inscrits dans un type d'expérience trop éloignée de ce que je vivais. Le seul ouvrage ou je me reconnaissais quelque peu, mis à part les désagréments auxquels l'auteur a été confronté, était l'ouvrage : " la Kundalini " de Pandit Gopi Krishna.

Avec l'éveil de l'Etre profond, lorsque la kundalini s'est épanouie dans le grand vide, au-delà du septième chackra, débuta une expansion de la présence et de la sensibilité de cet Etre. Au moment de cet éveil, j'avais été étonné et surpris de l'étroitesse de cette sensibilité héritée de ce que j'avais été jusque-là et en même temps de la simplicité du monde réel. En effet, lorsque nous vivons à travers la conscience, l'image du monde que nous renvoie celle-ci est hautement plus complexe que ce que nous percevons réellement par l'esprit. Si vous retirez cette image, vous ne vivez plus qu'avec la réalité perceptible, ce qui réduit d'autant votre appréhension de la réalité. Tout devient simple, et le contraste est d'autant plus saisissant. L'autre apparaît alors souvent illogique ou infiniment compliqué dans son comportement.

Ceci perdure jusqu'au moment où dans le développement de l'être, celui-ci apprend à pénétrer et s'étendre dans la conscience, ce qui vous permet ensuite d'appréhender de l'intérieur touts les complexités internes propres au soi et aux individus, et en résoudre éventuellement les distorsions. Cette direction de développement fut une des premières qu'emprunta l'Etre, apprendre à connaître la nature psychique à la fois en essence et dans les multiples formes qu'elle peut revêtir. Le choix de l'Etre n'est pas intellectuel. Il a lieu en fonction des nécessités et des priorités.

Il était impératif que je connaisse mieux la nature humaine, d'abord parce que celle-ci m'échappait dans grand nombre de ses aspects chaotiques, ensuite parce que cette nature, et l'aberration de son comportement faisaient obstacle à l'éveil spirituel proprement dit. Ce qui n'était pour moi qu'un commencement ne pouvait même pas s'atteindre par la masse parce que précisément la nature et la structure de la conscience constituaient une barrière infranchissable et trop chaotique pour pouvoir toucher l'essentiel. Il fallait donc d'abord résoudre le problème de cette barrière et inclure dans toutes formes d'approche un travail de connaissance de soi permettant à l'individu de se trouver en état de disponibilité pour lui-même.

J'ai déjà dit que la limite de la conscience individuelle n'est pas précisément définie dans l'absolu. En fait ce qui l'individualise est l'ego autour duquel elle vient se structurer et se cristalliser. Mais faites disparaître ce centre et naturellement elle rentre dans un mouvement d'expansion faisant disparaître la séparation d'avec la conscience collective. Ici, l'Etre forçait ce mouvement, s'imposant au centre de la conscience comme un pouvoir Divin soumettant cell-ci pour une meilleure efficacité. "Maintenant tu dois donner !" il me fallait collaborer et préparer le terrain pour une incarnation qui était fusion entre l'Etre et le soi. J'appris ainsi à plonger dans les profondeurs de la conscience ouvrant des portes et des chemins dans une jungle inextricable où peu s'aventurent donnant à l'Etre de nouvelles possibilités d'expansion et de pénétration de la réalité. C'est ainsi qu'un jour commença à apparaître la présence d'autres sphères. Mais ceci est une autre histoire ....

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